Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/11

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tous les singes qui habitent les îles de l’Océan vont accourir pleins de hâte devant toi : dépose donc, irascible guerrier, dépose là ton chagrin.

« Une fois détruite, la cité glorieuse du roi des mauvais Génies, les singes ramèneront ici la bien-aimée de ton frère, cette Djanakide charmante aux formes délicieuses, dussent-ils, monarque des hommes, l’arracher du ciel même ou des entrailles de la terre ! »

Lakshmana, d’un caractère naturellement doux, accueillit avec faveur ce langage modeste, uni au devoir ; et, voyant les paroles de Târâ bien reçues, le roi des singes rejeta, comme un habit mouillé, la crainte que les deux Ikshwâkides lui avaient inspirée. Ensuite il déchira la guirlande variée, grande, admirable, passée autour de son cou et resta dépouillé de cette royale distinction. Puis, le souverain de toutes les tribus simiennes, Sougrîva à la vigueur épouvantable, de parler à Lakshmana ce langage doux et fait pour augmenter sa joie :

« J’avais perdu mon diadème, fils de Soumitrâ, ma gloire et l’empire éternel des singes ; mais j’ai recouvré tout par la bienveillance de Râma. Dans ce monde tel qu’il est, où trouver, dompteur invincible des ennemis, un être assez fort pour s’acquitter, par un service égal au sien, envers cet homme-Dieu, qui occupe la renommée du bruit de ses hauts faits ?

« À quoi bon, seigneur, à quoi bon des alliés pour un bras qui, tirant son arc, fait trembler, au seul bruit de sa corde, la terre avec les montagnes ? Je suivrai, sans aucun doute, je suivrai les pas du vaillant Raghouide, marchant pour l’extermination de Râvana et des généraux ennemis. Si j’ai péché quelque peu, soit par trop de confiance, soit par intempérance d'amour, il faut que