Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/238

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champ de bataille. De nombreux héros à la grande vigueur, les mains armées de harpons, d’arcs et d’épées, suivirent à l’envi l’un de l’autre les pas de ce magnanime. Le contempteur du roi des Dieux s’avançait à grand son de tymbales, au bruit terrible des conques, au milieu des hymnes chantés à sa gloire.

Râvana dit à son fils, qu’il voyait sortir, environné d’une nombreuse armée : « Tu n’as pas au monde un héros qui puisse lutter avec toi, mon fils : tu as vaincu Indra même dans la guerre ; à plus forte raison feras-tu mordre la poussière à ce Raghouide, un misérable, un homme ! » Après ces mots de son père et quand il eut reçu les bénédictions pour la victoire, ce héros, monté sur le char attelé de rapides chevaux, s’en alla vite au lieu destiné à consumer les victimes. Arrivé sur le terrain des sacrifices, le Démon à la grande splendeur, habitué à dompter ses ennemis, fit placer de tous côtés les Rakshasas devant son char.

Là, cet auguste prince, d’un éclat pareil à celui du feu, sacrifia au puissant Agni, suivant les rites avec les prières mystiques.

Alors, il se mit à charmer par des incantations son arc, ses flèches et son char même entièrement.

Il congédia son armée, et seul, une flèche et son arc à la main, invisible sur le champ de bataille, il répandit sur les armées des singes la pluie d’une tempête de flèches, tel qu’un sombre nuage déverse l’eau de ses flancs.

Fascinés par sa magie et criant avec des sons discordants, les plus épouvantables des singes, le corps hérissé des flèches que lançait Indradjit, tombent sur la terre, comme des arbres sourcilleux, sur lesquels Indra jette sa foudre. Ils voyaient seulement les dards si horribles que