Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/52

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jeunesse, quelle est ta vigueur ; tu peux revenir, ayant passé et repassé cent fois le grand Océan.

« Tu es notre maître et le fils de notre maître, ô le plus grand des singes : réunis autour de ta grandeur, elle nous inspire dans la discussion des affaires. Il est donc impossible à toi de nous quitter pour t’en aller quelque part, comme il ne convient pas à nous-mêmes de te laisser aller seul, prince héroïque des simiens. »

À ces paroles du noble pasteur des singes, Djâmbavat à l’éminente sagesse, Angada fit cette réponse d’un visage que la joie se partageait avec la tristesse : « Si je ne vais pas moi-même, ou si un autre chef ne va pas vite à Lankâ, nous courons tous un affreux danger ! Certes ! il nous faudra nous asseoir une seconde fois dans le jeûne de la mort ; car, si nous revenons dans nos patries sans avoir effectué l’ordre que nous a donné le prudent monarque des singes, je n’y vois pas un moyen de sauver notre vie ! Mais, si je vais à Lankâ, mon retour n’est qu’incertain. « Or, dit-on, un trépas douteux vaut mieux qu’une mort assurée. »

Alors que le roi de la jeunesse, Angada, eut prononcé de telles paroles, tous les singes, portant les mains en coupe à leurs tempes, de s’écrier aussitôt : « Il est impossible que ta grandeur s’en aille d’ici nulle part à la distance d’un seul pas ! À ta vue, nous croyons tous posséder Bâli même de nos yeux ! Nous souffrirons tous avec toi ce qui peut t’arriver de Sougrîva, le bien ou le mal, le plaisir ou la douleur ! »

À ces belles paroles que les chefs des simiens adressaient au prince héréditaire, Djâmbavat aux longs bras passe les quadrumanes en revue dans sa pensée et répond, orateur disert, au fils de Bâli :