Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Prince des singes, je connais le héros quadrumane qui peut franchir cent yodjanas et revenir couronné du succès. »

Quand il eut parcouru de ses regards cette armée abattue des singes, qui formait plusieurs centaines de milliers, Djâmbavat s’avança vers Hanoûmat, couché à part, sans mot dire, lui, habile dans toutes les matières des Çâstras et l’un des principaux de l’armée quadrumane : « Pourquoi, lui dit-il, pourquoi ne parles-tu pas, Hanoûmat ?

« Je suis vieux aujourd’hui, ma vigueur s’est évanouie ; la saison où me voici maintenant est celle de la mort ; tous les dons au contraire accompagnent l’âge dont jouit ta grandeur. Déploie donc, héros, déploie donc tes moyens ! N’es-tu pas en effet le plus excellent des singes ? De même que tous les êtres suivent le Dieu qui dispense la pluie ; de même la vie du monde tend vers ce magnanime, qui toujours, dans une difficulté survenue, attaque l’obstacle avec énergie ; car la chose de l’homme, n’est-ce pas l’exercice du courage ? »

Excité par le plus vénérable des singes, le fils du Vent, ce guerrier d’une vitesse renommée, se fit soudain une forme allongée propre à naviguer dans les airs, spectacle qui ravit alors toute l’armée des simiens.


Tandis que l’intelligent quadrumane se gonflait, son visage enflammé brillait, semblable au soleil, roi du ciel, ou tel qu’un feu sans fumée. Il se leva du milieu des singes, et, le poil hérissé, il s’inclina devant les grands et leur tint ce langage : « Qu’il en soit ainsi ! Je passerai la mer, en déployant ma vigueur, et je reviendrai,