Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/60

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dain son corps, tel que le nuage dans la saison des pluies. Aussitôt qu’elle vit s’augmenter les proportions du grand singe, elle ouvrit démesurément une bouche pareille aux enfers. L’officieux et rusé quadrumane observe alors cette furie, ses membres énormes et sa vaste gueule toute grande ouverte.

Le singe à l’immense vigueur se ramasse peu à peu, et, le corps devenu comme la foudre, il se plonge dans cette gueule béante ; puis il déchire avec ses ongles acérés les entrailles de la Rakshasî et s’échappe rapidement, lui, qui possédait la vitesse du vent et celle de la pensée.

Grâces à la sûreté de son coup d’œil, à sa force, à son adresse, à sa fermeté, à son audace, le singe maître de lui-même fit son retour au dehors avec une promptitude merveilleuse. Tuée par cet Indra des singes à la prodigieuse légèreté, à la rapidité du vent ou de la pensée, la Rakshasî tomba dans le grand bassin des eaux.

Et, voyant la furie tombée morte sous les coups d’Hanoûmat, les Bhoûtas, ces Génies, habitants des airs :

« Tu viens d’accomplir, mon ami, dirent-ils au noble singe, une prouesse épouvantable, en immolant cette colossale créature. Ta force a terrassé la furie, dont la crainte avait banni de cette région les Tchâranas, les Dieux et le roi même des Immortels. La sécurité est rendue à ces routes, où les habitants de l’air pourront aller maintenant à leur gré.

« Mets à fin l’œuvre que tu as résolue : va donc, singe, et va sans péril ! »

Au milieu de ces applaudissements, le grand et docte singe, qui avait réussi dans sa ruse, se replongea entre