Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/61

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les routes de l’air et continua son voyage d’un vol accéléré.

Parvenu tout à fait sur le rivage ultérieur, ayant tourné ses regards sur lui-même, qui, semblable à un grand nuage, offusquait, pour ainsi dire, le ciel entièrement, le singe, toujours maître de son âme, fit cette réflexion : « J’exciterais à coup sûr, je pense, la curiosité des Rakshasas, s’ils me voyaient entrer dans leur ville avec ces membres démesurés. »

Le singe alors diminua extrêmement son corps, et, pour se mettre à couvert de la curiosité, il revint à son état naturel, comme Vishnou, quand il eut opéré ses trois pas.

Il s’avança vers Lankâ, ceinte de tous les côtés, en haut, par des remparts semblables à des masses blanches ; en bas, par des fossés remplis d’eaux intarissables et bien profondes ; cette ville, qu’environnait un grand retranchement fait d’or ; cette ville, dont l’imagination ne peut se créer une idée ; elle, jadis la résidence accoutumée de Kouvéra ; elle, dont jadis le séjour était la récompense des bonnes œuvres. Pavoisée d’étendards et de drapeaux, ornée de balcons, les uns de cristal, les autres d’or, elle se couronnait avec des centaines de belvédères surétageant le faîte de ses maisons. Fondées sur le sol même du retranchement, on voyait des colonnes d’émeraude et de lapis-lazuli, si brillantes qu’elles semblaient aux yeux des centaines de lunes et de soleils, élever sur leurs chapiteaux de magnifiques arcades.

Hanoûmat, le fils du Vent, roula ces nouvelles pensées en lui-même : « Par quel moyen verrai-je la Mithilienne, auguste fille du roi Djanaka, sans être vu de Râvana, ce cruel monarque des Rakshasas ?