Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/74

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heureux ; les unes étaient courtes, les autres longues, bossues, naines ou déhanchées. Certaines avaient les pieds d’un éléphant, d’un âne ou d’un chameau ; celles-ci avaient le mufle soit d’un tigre, soit d’un buffle ; celles-là une tête de serpent, d’âne, de cheval ou d’éléphant ; d’autres avaient le nez campé sur le sommet du crâne. Il y en avait de bipèdes, de tripèdes, de quadrupèdes : celles-ci avaient de larges pieds, celles-là un cou et d’autres les mamelles d’une longueur démesurée. En voici avec une bouche et des yeux d’une grandeur immense ; en voilà avec une langue et des ongles excessivement longs : telle avait le faciès d’une chèvre ; telle autre le faciès d’une cavale ; telle est vache par sa tête et telle autre a son cou emmanché avec le chef d’une truie. Certaine a le mufle d’une hyène et sa compagne celui d’une bourrique. Toutes ces Rakshasîs ont une force épouvantable. Le nez de celle-ci est court et le nez de celle-là prodigieusement long : telle a son nez de travers ; le nez manque à telle autre.

Elles tiennent des lances, des épées, des maillets d’armes ; elles se repaissent de chair ; elles ont les mains et la face ointes de graisse, elles ont tous leurs membres souillés de chair et de sang. Avides de graisse et de viande, elles boivent et mangent continuellement ; elles font aliment de tout ; mais, quoiqu’elles mangent toujours, elles ne sont jamais rassasiées.

Le singe joyeux et le poil hérissé de plaisir vit enfin dans le cercle des Rakshasîs, telle que Rohinî dans la gueule de Râhoû, cette reine infortunée qui étreignait dans ses bras, comme une liane en fleurs, cet arbre sur les branches duquel Hanoûmat se tenait accroupi.