Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/75

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Le singe vit cette charmante femme s’asseoir, pleine de sa tristesse, à la racine de l’arbre sisô, le visage troublé comme le croissant de la lune, voilé par un nuage, au commencement de sa quinzaine blanche.

Dépouillée de ses parures et néanmoins telle encore que Lakshmî sans lotus à la main, accablée de honte, consumée par la douleur, pleine de langueur et le corps exténué, elle semblait Rohinî sous l’oppression de la planète Lohitânga ; elle paraissait comme la richesse tombée ; comme la mémoire quand elle s’affaisse dans l’incertitude ; comme une espérance, qui s’est envolée ; comme un ordre qui n’est plus soutenu par la puissance. Désolée, amaigrie par l’abstinence, baignant sa face de larmes, faible, très-délicate, l’âme épuisée de chagrins et le corps de souffrances, elle jetait épouvantée de nombreux et longs soupirs, comme l’épouse du roi des serpents.

À l’aspect de cette femme souillée de taches et de poussière, triste et non parée, elle si digne des parures, et telle que la reine des constellations quand sa lumière est obscurcie par de sombres nuages, l’incertitude assiégea l’esprit du singe dans ses investigations.

Le fils du Vent, Hanoûmat, la reconnut avec peine : aussi douteuse revient à l’homme dans un moment, où sa pensée n’y est pas attentive, la science qu’il doit à ses lectures.


Après que le vigoureux quadrumane eut médité un instant, il tourna vers la Mithilienne ses yeux noyés de larmes et se mit à gémir dans une vive douleur. « C’est là, se dit-il, c’est là cette femme inébranlable dans sa fidélité à son époux, Sîtâ, la fille du magnanime Djanaka, ce roi de Mithila, si dévoué à son devoir ! Elle, qui fendit