Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol2.djvu/77

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dont son âme était consumée pour elle. Brûlant de voir la Mithilienne, il sortit de son palais : il était paré de tous ses joyaux et portait une magnificence incomparable.

Une centaine de femmes seulement suivaient Râvana dans sa marche, comme les femmes des Gandharvas et des Dieux suivent Kouvéra, le rejeton de Poulastya. Là, ces femmes portaient, les unes des lampes d’or et de formes diverses, les autres un chasse-mouche fait avec la queue du gayal, celles-là des éventails. Celles-ci d’une politesse distinguée marchaient, tenant à leur main droite des vases massifs d’or et pleins de maints breuvages.

Le fils du Vent alors entendit le son des noûpouras et des ceintures, qui gazouillaient aux pieds et sur les flancs de ces femmes du plus haut parage.

Brillant de tous les côtés par l’éclat de plusieurs lampes, où brûlaient, portés devant lui, des parfums et des huiles de sésame, Râvana, plein d’ivresse, d’orgueil et de luxure, semblait au regard oblique de ses grands yeux rouges l’Amour, qui s’avance irrité sans arc à la main.

À la vue de la splendeur infinie qu’il semait de tous les côtés : « C’est le monarque aux longs bras ! » pensa le singe vigoureux à la grande énergie. L’intelligent quadrumane s’élance à terre et, gagnant une autre branche cachée au milieu des feuilles et des arbrisseaux, il s’y tient, désireux de voir ce que va faire le monstre aux dix têtes.

À l’aspect de Râvana, l’auguste femme trembla, comme un bananier battu par le vent.

Le Démon aux dix têtes vit l’infortunée Vidéhaine gardée par les troupes des Rakshasîs, en proie à sa douleur et submergée dans le chagrin, comme un vaisseau dans la grande mer. Il vit, inébranlable dans la foi jurée à son