le travail, source de la richesse nationale[1], sur la concurrence, qui est une heureuse émulation portant à bien faire, et sur le progrès industriel et mécanique, qui diminue le travail des hommes et abaisse le prix des choses[2]. C’est pousser cependant l’hyperbole un peu loin, que d’oser dire : « Rien n’y manque, depuis les définitions les plus élémentaires jusqu’à l’exposition des lois les plus vastes[3] ».
Faut-il ranger Sully parmi les précurseurs de l’économie politique ? Il nous répugne de l’y mettre. C’est l’administrateur vigilant et le financier sévère ; mais ses volumineux mémoires — les Économies royales — ne renferment qu’un assez petit nombre d’idées économiques, disséminées dans le long exposé de toutes les mesures qu’il avait prises ou conseillées.
Sully — ou plus exactement Maximilien de Béthune, baron de Rosny — né en 1560, à Rosny, près de Mantes, avait été mis, dès l’âge de douze ans, à la suite du jeune Henri de Bourbon, qui devait être plus tard Henri IV. Il s’attacha dès lors à la fortune d’Henri, sans autre interruption qu’un assez court service auprès du duc d’Alençon, quand celui-ci, en 1581, eut été élu prince des Pays-Bas.
Sully, qui ne suivit pas Henri IV dans son abjuration et dont le caractère froidement calculateur était tout l’opposé de celui du roi, posséda toute sa confiance et cumula auprès de lui les honneurs et les fonctions. Successivement membre du Conseil du Roi en 1595, capitaine des canaux et rivières en 1597, grand-voyer de France et grand-maître de l’artillerie en 1599, surintendant des finances en 1601, surintendant des fortifications et bâtiments du roi
- ↑ « L’heur des hommes consiste principalement en la richesse, et la richesse au travail » (Livre I).
- ↑ « Engins et mécaniques soulagent infiniment le labeur des hommes et diminuent les forces de la besogne. Ce qui permet, plutôt que la grande abondance et diligence des artisans, de nous donner les marchandises à si petit prix » (Ibid.).
- ↑ Funck-Brentano, op. cit., introduction, p. XXIII.