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l’emprunteur, fût nul et dépourvu d’action, si les parties n’avaient pas exprimé dans le contrat lui-même la destination que les fonds devaient recevoir.


II

COLBERT

Colbert, « le seul ministre, a dit Blanqui, qui ait eu un système arrêté, complet et conséquent dans toutes ses parties[1] », appartient de plus près à l’économie politique[2]. Né à Reims en 1619, il avait débuté dans les bureaux du secrétaire d’État, Michel Le Tellier, et avait été intendant de Mazarin. En 1662, à la chute de Fouquet, avec lequel le titre de surintendant des finances disparaissait, Colbert fut nommé contrôleur général des finances[3]. Le département de la marine lui fut aussi confié en 1669, et il demeura ainsi aux affaires jusqu’à sa mort, en 1683.

La politique économique de Colbert a été appréciée très diversement, et elle l’a été généralement avec beaucoup de défaveur depuis les physiocrates. Il faut bien dire aussi que les défauts de cette politique ont été notablement exagérés après Colbert et que le souvenir de ces abus postumes n’en a pas moins pesé sur lui.

Cherchons donc à dégager, le plus brièvement possible, les pensées maîtresses auxquelles lui-même obéissait et qu’il

  1. Blanqui, Histoire de l’économie politique, t. I, p. 445.
  2. Sur Colbert, outre les ouvrages généraux d’histoire des théories économiques, voir Pierre Clément, Histoire de Colbert et de son administration, 2 vol., Paris, 1874 ; — Histoire et régime de la grande industrie en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, par Alfred des Cilleuls, Paris, 1898, titre I, ch. I, II, III ; — La grande industrie sous le règne de Louis XIV, par Germain Martin, Paris, 1899 ; — Colbert et son temps, par Neymark, Paris, 1877.
  3. Le contrôleur général des finances faisait fonction de notre ministre des finances, avec un rôle assez’souvent prépondérant dans le conseil du roi (comme d’ordinaire aujourd’hui le premier lord de la trésorerie dans le ministère anglais). Il avait sous lui quatre intendants des finances.