a eu la puissance d’imposer à la France, sinon jusqu’à la fin de l’ancien régime, au moins jusqu’au règne passager des « économistes ».
Il est difficile de contester le déclin dans lequel l’industrie française était tombée depuis les guerres de religion. La relever et par elle fournir des ressources au royaume, pour le succès de la politique extérieure de Louis XIV : tel était le but à atteindre ; mais quels moyens fallait-il employer ?
En fait, l’esprit public demandait avant tout des mesures prohibitives contre l’importation des tissus étrangers. On trouve déjà l’écho de ce sentiment dans les vœux des États Généraux de Blois en 1576, dans ceux de l’Assemblée du Châtelet en 1590, et dans ceux de la réunion des Notables à Rouen, en 1596, aussi bien que dans les vœux des Cours souveraines assemblées à Paris en 1648. Partout les importations de l’étranger sont dénoncées comme la cause du mal. Telle était aussi l’ignorance des conditions du commerce international, que Laffémas de Humont, en 1589, s’indignait à la pensée que les produits manufacturés introduits en France représentaient plus que la dépense de l’entretien des armées du roi d’Espagne[1] et que Richelieu lui-même, en 1626, proposait aux Notables de « bannir les changes supposés, dont le gain est si grand », en ajoutant que « en Espagne, Angleterre et Hollande, où le commerce est florissant, les changes sont défendus sous peine de confiscation et de grosses amendes[2] ».
D’autre part, la décadence avait coïncidé avec un relâchement dans l’application des règlements de métiers : de là à penser que ces règlements importaient à la prospérité de l’industrie, il n’y avait qu’un pas, et Colbert, comme ses contemporains, n’eut pas de peine à le franchir[3].