Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/130

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Ce singulier procédé consistait à obliger les navires exportateurs de marchandises à rapporter en monnaie une partie du prix de vente des marchandises exportées, et à obliger inversement les navires importateurs à remporter en marchandises tout l’équivalent de leurs importations. Dès 1381, des officiers de monnaie, venant témoigner devant les Lords, se prononcent pour l’emploi de ces mesures[1]. Des fonctionnaires spéciaux surveillaient l’observation de ces règles, qui florissaient encore aux xvie et xviie siècles. Toutefois l’usage croissant des lettres de change devait tendre à les éluder, non moins qu’à les faire trouver de plus en plus gênantes et vexatoires[2].

Le système de la balance des contrats avait soulevé en effet, dès longtemps, de nombreuses plaintes dans le monde du commerce. Nous en avons la preuve dans le Mémoire d’un commerçant français établi en Angleterre sous le règne d’Elisabeth et dans la publication du mémoire de Laffémas, Système de la balance du commerce en remplacement de celle des contrats, comme on doit permettre la liberté du transport de l’or du royaume et par quels moyens conserver le nôtre (1602).

Le système proprement dit de la « balance du commerce » est postérieur à celui de la balance des contrats. Il doit y avoir mieux que la violence, pour faire entrer la monnaie : car celle-ci peut se jouer facilement des prohibitions et des contrôles, surtout dans les pays de continent où les frontières presque entièrement terrestres sont d’une surveillance plus difficile. Aussi semble-t-il ensuite que le meilleur moyen de faire affluer la monnaie, ce soit d’assurer une balance favorable du commerce par un excédent des exportations. Cette nouvelle formule est d’ailleurs beaucoup plus libérale que toutes celles qui défendaient direc-

  1. Voyez Shaw, Histoire de la monnaie, tr. fr., p. 38.
  2. Sur la balance des contrats, voyez Dubois, Précis de l’histoire des doctrines économiques, t. I, p. 194 ; — Cossa, Histoire des doctrines économiques, tr. fr., p. 214.