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mesure que ses attributions politiques se développaient davantage. Finalement, en 1834, elle céda à la couronne ses pouvoirs et tout son actif, moyennant quarante annuités, égales aux derniers dividendes, que le Trésor devait lui servir, et en conservant l’administration de l’Inde sous la surveillance du bureau de contrôle institué par Pitt en 1798. Elle fut définitivement supprimée en 1858, après la grande révolte des Cipayes.

En Hollande, la Compagnie des Indes Orientales se constitua en 1602, par la fusion de plusieurs sociétés similaires antérieures. Elle fut investie, non seulement de monopoles commerciaux, mais aussi de droits politiques exercés au nom des États Généraux de Hollande, qui, du reste, lui nommaient ses directeurs. L’Europe était en quelque sorte tributaire de cette Compagnie pour le commerce des épices, et l’on sait que pour maintenir le prix élevé des denrées sans se grever de trop de frais de transport, elle détruisait elle-même l’excédent des récoltes trop, abondantes. Bien administrée dans le cours du XVIIe siècle, elle fut assez mal conduite au siècle suivant, et elle liquida en 1795, avec un passif écrasant dont l’État se chargea.

Notons en passant que ces diverses sociétés avaient inauguré et commencé à acclimater quelque peu les valeurs mobilières, grâce aux parts ou actions, par grosses coupures, avec lesquelles elles avaient appelé les capitaux.


III

LES THÉORIES MERCANTILISTES EN ANGLETERRE

Le mercantilisme étroit qui régnait en Europe dominait également en Angleterre. Ce furent les Anglais, notamment, qui inventèrent — et ils le pouvaient mieux que personne, à cause de la configuration géographique de leur pays — le procédé connu sous le nom de « balance des contrats », balance of bargains.