Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/132

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naie dans le règlement du change tiré[1]. Ici Mun proteste très intelligemment contre les taxations du cours du change. Que prouve une hausse du change, dit-il, sinon un excès de nos dettes envers l’étranger sur nos créances contre lui ? Et alors, dans cette situation qui tend à provoquer une sortie, soit de marchandises, soit de monnaie, que peut la fixation légale d’un cours du change, si elle ne répond pas exactement à ce degré plus ou moins grand dans lequel l’équilibre a été déjà rompu ? Tout ce chapitre de Mun est d’une exactitude et d’une clarté qui frappent vivement l’esprit : mettez « balance internationale des comptes » là où Mun a écrit « balance du commerce », et tout en peut être conservé pour être relu avec fruit. Encore faut-il ajouter, à l’avantage de Thomas Mun, que de son temps les créances internationales n’avaient guère d’autres causes que les entrées et sorties de marchandises, puisque les placements à l’étranger étaient alors de si peu d’importance. Mun triomphe donc sans peine du Hollandais Gérard Malynes, qui avait écrit, paraît-il, plusieurs volumes pour expliquer que la sous-évaluation de la monnaie nationale est une cause directe de l’appauvrissement du pays et que, là contre, le remède consiste tout simplement dans la fixation légale du change au pair[2]. Il y a aussi des marchands, dit Mun, c’est-à-dire des banquiers cambistes, qui ne font qu’acheter et vendre des traites, et envoyer et recevoir des espè-

  1. Op. cit., ch. xii.
  2. « It is not the undervaluing of our Money in Exchange, but the overballancing of our Trade, that carrieth away our Treasure… In vain therefore hath Gerard Malynes laboured so long, and in so many printed Books, to make the world belewe that the undervaluing of our Money in exchange doth exhaust our Treasure, which is a meer fallacy of the cause altributing that to a Secondary means, whose effects are wrought by another Principal Efficient, and would also corne to pass although the said Secondary means were not at ail. As vainly also hath he propounded a Remedy by Keeping the priée of Exçhange by Bills at the par pro pari by publick authority, which were a new-found Office without example in any part of the world, being not only fruitless, but also hurtfull » (Op. cit., édition de 1669, pp. 87 et 91-92). — Gérard Malynes, auteur de A treatise of the canker of England’s commonwealth (1601), de The maintenance of free trade (1622), de Lex Mercatoria (1622) et de The centre of the circle of commerce (1623).