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LIVRE II

LES THÉORIES DES ÉCONOMIQUES

CHAPITRE PREMIER

LES PHYSIOCRATES

I

COMMENT LE MOUVEMENT PHYSIOCRATIQUE FUT PRÉPARÉ

Un trait commun va maintenant rapprocher les écoles diverses que nous étudierons ; et ce trait commun, c’est que les faits économiques paraîtront enchaînés les uns aux autres par des rapports que l’arbitraire et la fantaisie des hommes seraient impuissants à changer. On avait cru jusqu’alors à des procédés : on va croire maintenant à des lois. Telle est la doctrine des lois économiques, caractérisée par la croyance à un certain ordre naturel et permanent des sociétés.

Mais quel est cet ordre ? Et quels sont les faits qui en découlent ? Ici les opinions peuvent diverger, et un abîme, sans doute, va séparer Malthus et Ricardo d’avec Carey, ou bien Jean-Baptiste Say et Bastiat d’avec List. N’importe : quand même tous ces écrivains différeront entre eux sur l’application du principe, ils s’accorderont au moins sur son existence, et ils en feront la base de leurs théories, en laissant à l’école historique l’illusion que rien n’est absolu dans le monde, en laissant au socialisme d’État l’erreur de croire que c’est l’État qui informe et conduit à son gré la