nation, et en laissant enfin au socialisme absolu l’ambition la terre le paradis terrestre à la condition qu’il en bannisse la famille, la propriété et tout d’abord la liberté individuelle.
Les physiocrates, quelques erreurs qu’ils aient commises, ont eu les premiers le mérite d’asseoir leur système sur ce principe de lois économiques naturelles. Jusque là on en avait bien pénétré ou imaginé quelques-unes, notamment en matière de monnaie et de commerce international : mais on n’avait point cherché à les coordonner en un système. Voilà donc pourquoi il n’est point injuste de faire commencer réellement l’économie politique avec la grande école des physiocrates, si énergiquement convaincue de l’existence et de la nécessité de ces lois.
Leur nom même en vient, du grec φύσις, nature, et κράτος, puissance. Il existe des lois naturelles qui commandent : telle est la véritable origine du mot « physiocratie », quoique pour l’expliquer on ait invoqué parfois la théorie qui fait de la terre, c’est-à-dire de la nature, l’unique puissance productive.
Le mot physiocrate est nouveau : Dupont de Nemours l’employa pour la première fois en 1799, et ceux que nous nommons les physiocrates n’étaient connus de leur temps que sous le nom d’économistes. Il n’y a d’ancien que l’adjectif physiocratique et le substantif physiocratie. À la fin de 1767, Dupont donnait ce dernier en sous-titre à un recueil d’œuvres de Quesnay qu’il publiait sous ce nom : Physiocratie ou constitution naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain[1] ; mais il ne faisait
- ↑ M. Oncken, dans sa belle et savante édition des Œuvres économiques et philosophiques de Quesnay (parue en 1888), incline à attribuer le mot à Quesnay lui-même. Ce qui est certain, c’est que, dans le numéro d’avril 1767 des Éphémérides, l’abbé Baudeau rendait justice à Forbonnais d’avoir « ignoré plutôt que combattu les principes de la physiocratie, c’est-à-dire de l’ordre naturel et social fondé sur la nécessité physique et sur la force irrésistible de l’évidence ». L’expression, ici, était employée pour