Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

II

HISTORIQUE GÉNÉRAL DE L’ÉCOLE PHYSIOCRATIQUE

Le mouvement physiocratique remonte aux premières années après 1750. Quesnay, alors âgé de cinquante-cinq ans, venait d’être nommé médecin de Mme de Pompadour en 1749 ; des liens s’établirent entre lui, Gournay, qui est nommé intendant du commerce en 1751, et Turgot, qui allait être, en 1753, maître des requêtes au Parlement de Paris. Le modeste entresol que Quesnay occupait à Versailles au dessus des appartements de la favorite, était devenu le foyer des causeries économiques les plus animées. L’Encyclopédie était en cours de publication. Quesnay y fit les articles Fermiers et Grains (1756 et 1757) ; Tùrgot, les articles Foires et marchés, Fondations (1756) et quelques autres.

Dès 1752, Gournay, alors intendant du commerce, adresse à Trudaine père un mémoire où il insiste sur la triste situation de l’agriculture et sur les avantages de la liberté du commerce des grains, en montrant combien la culture est découragée par les entraves, les vexations et les menaces[1].

Deux ans après, Herbert amorce publiquement le débat par son Essai sur la police des grains, qui paraît en 1754[2]. Herbert, comme tous les physiocrates vont le faire, demande bien la liberté du commerce et de la circulation des grains : mais c’est dans l’intérêt des consommateurs eux-mêmes qu’il la demande. La liberté, selon lui, doit faire la baisse et non la hausse, et il s’efforce de le démontrer par des

  1. Voir Afanassiev, op. cit., p. 207. — Ce mémoire n’a pas été publié : Biollay (Pacte de famine, p. 86) l’a seulement cité.
  2. C’est la date donnée par Dupont, dans sa Notice abrégée de 1769. — Une ébauche incomplète de l’ouvrage avait été imprimée en 1753 à Londres (voyez Afanassiev, p. 208).