Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/221

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rendre par le roi. L’année suivante, il prend la direction du Journal de l’agriculture, du commerce et des finances. Du Pont se fait volontiers le vulgarisateur des idées d’autrui : en 1767 il publie, avec un Discours préliminaire de sa plume, le recueil des articles de Quesnay, qu’il intitule Physiocratie, et il résume l’année suivante le grand ouvrage de Mercier de la Rivière dont nous parlions il y a un instant. Après qu’il eut dirigé les Éphémérides du citoyen, qui disparaissent ensuite sous l’abbé Terray, nous trouvons successivement Du Pont à Carlsruhe auprès du margrave de Bade, puis en Pologne comme précepteur des enfants du prince Czartoryski. Turgot, nommé contrôleur général, le rappelle en France et en fait son confident plus encore que son secrétaire. Après Turgot, tantôt en faveur et tantôt en disgrâce, il perpétue la doctrine libérale et se sert des diverses fonctions qu’il remplit pour préparer et faire aboutir, en 1786, le traité de commerce avec l’Angleterre, dit traité d’Eden, bientôt suivi d’un traité semblable avec la Russie. C’est le triomphe momentané de la politique libérale des physiocrates.

En 1789, le bailliage de Nemours l’envoie aux États Généraux, et de là lui vient le nom de Dupont de Nemours, sous lequel il est toujours désigné. Il prend en cette qualité une part importante à l’œuvre financière de la Constituante ; il fait prévaloir très justement le principe de la proportionnalité et de l’universalité de l’impôt foncier ; il fait supprimer les gabelles ; il combat les fausses théories qui se produisent à propos de l’émission des assignats ; toutefois il recommande trop vivement le système des impôts directs, en conformité avec les idées des physiocrates. Le 10 août 1792, Du Pont est aux côtés du roi : il échappe quelque temps, est pris, enfermé à la Force, puis sauvé le 9 thermidor. Sous le Directoire, il fait partie de la secte des théophilanthropes.En 1797, il est élu membre du Conseil des Anciens par le département du Loiret ; proscrit après Fructidor, il s’échappe aux États-Unis, où Jefferson,