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alors vice-président de la République, lui demande un plan d’éducation nationale. Il revient en France au commencement de l’Empire. Là, tout en défendant de son mieux, avec sa plume, la liberté du commerce et du travail, il se tient en dehors de la politique, où il ne réapparaît qu’en 1814, comme secrétaire du gouvernement provisoire, au moment de l’abdication de Napoléon. Les Cent-Jours sont pour lui un nouveau signal d’exil : Du Pont repart pour les États-Unis, refuse de les quitter après Waterloo, et y meurt deux ans plus tard, en laissant à tous ceux qui l’avaient connu le souvenir d’un honnête homme, consciencieux et convaincu, et d’un écrivain de combat plutôt que d’un philosophe de cabinet. Il avait, du reste, très sensiblement adouci, avec les années, l’ardeur de ses premières opinions physiocratiques[1].


V

GOURNAY ET TURGOT

Passons au second groupe, en tête duquel brillent Gournay et Turgot.

Jean-Claude-Marie Vincent, qui devait être célèbre sous le nom de Gournay[2], était né à Saint-Malo en 1712. Son père, qui était armateur, l’envoya de bonne heure, pour ses affaires commerciales, à Cadix, où il demeura quinze ans, de 1729 à 1744. Vincent revient alors en France, se lie avec Maurepas, consacre les deux années 1745 et 1746

  1. En voici une preuve. En 1805, Dupont de Nemours écrivait une notice nécrologique sur Quesnay de Saint-Germain, petit-fils du docteur Quesnay. Or, comme Schelle le fait remarquer, Dupont, plaçant sur les lèvres du grand-père un discours que celui-ci aurait tenu à son petit-fils en 1771, ne le fait plus parler de classe stérile, ni même de classe subordonnée ; Quesnay remplace « avances » par « capital », « produit net » par « revenus nets », et il montre les richesses naissant du travail au lieu d’avoir la terre pour source unique (Schelle, Du Pont de Nemours et l’École physiocratique, p. 374). — Voyez ce discours dans le Quesnay d’Oncken, pp. 802-805).
  2. Voyez l’ouvrage de Schelle, Vincent de Gournay, 1897.