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intendants des finances, avait, dans ses attributions, le « détail des ponts et chaussées ». Ce fut en cette qualité qu’il créa l’École des Ponts et Chaussées, dota la France de routes nouvelles et s’associa à l’œuvre de Turgot. Il eut pour successeur dans ses fonctions, de 1769 à 1777, son fils Trudaine de Montigny, qui appartint au même groupe.


VI

LES INDÉPENDANTS ET LES ADVERSAIRES

Si général et si uniforme que fût le mouvement d’idées qui, sur le terrain économique, avait trouvé son expression dans la physiocratie et dans la doctrine de la liberté, de profondes dissidences se manifestaient encore parmi les hommes qui ouvraient ainsi de nouvelles voies aux recherches de l’esprit humain.

Au premier rang des contradicteurs et non pas seulement des dissidents, il faut placer Graslin[1]. Ce nom nous a bien été conservé par Turgot dans ses Observations sur le mémoire de M. Graslin ; mais les physiocrates sont parvenus à faire oublier l’auteur plus qu’il ne méritait.

Graslin (1727-1790), receveur général des fermes du roi à Nantes et ami de Forbonnais, consacra une grande partie de son activité aux progrès de l’agriculture, au dessèchement de divers marais en Bretagne et à l’embellissement de sa ville de Nantes. Ainsi formé à la pratique, il était peut-être moins exposé que d’autres à se laisser séduire par des formules erronées et pour ainsi dire mathématiques.

Il était sur le point de faire paraître une réfutation de la thèse physiocratique sur la stérilité du commerce et de

  1. Graslin, Essai analytique sur la richesse et sur l’impôt, Londres, 1767. — Sur Graslin, étudier J. Desmars, Un précurseur d’Adam Smith en France, J. J. L. Graslin, Paris, 1900.