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l’industrie, lorsqu’il eut connaissance du concours que la Société d’agriculture de Limoges ouvrait, en 1767, sur l’impôt indirect et ses effets à l’égard des propriétaires[1]. Il présenta son travail et obtint une mention, pendant que le prix était décerné à M. de Saint-Péravy.

Ce mémoire, revu et complété, est devenu l’Essai analytique sur la richesse et sur l’impôt, où l’on réfute la nouvelle doctrine économique, publié en 1767.

Graslin, argumentant de préférence contre la Philosophie rurale de Mirabeau, ne craint pas d’y accuser les économistes d’avoir mis la vraisemblance à la place de la nature et d’avoir prodigué au Tableau économique une admiration servile et exclusive. Il l’appelle un « tableau hiéroglyphique qui n’a ni base, ni soutien.., ne représente rien de réel et n’est qu’un tableau de fantaisie[2] ». Effectivement son point de départ est tout autre, Il le met dans le travail, seul moyen d’obtenir les productions de la terre, condition nécessaire que le Créateur a apposée à son bienfait[3]. L’agriculture n’échappe pas à cette loi ; car la production agricole « exige également le sol et la main du cultivateur ; et le champ du laboureur ne produit pas plus par lui-même que la boutique de l’ouvrier, l’atelier de l’artiste, le cabinet du savant[4]. » Les définitions de la richesse et du besoin ne sont pas moins bonnes[5]. Dans la valeur, Graslin distingue : 1o  la valeur absolue, « exprimant dans la chose un attribut qui lui est accidentel et qui dépend uniquement du besoin de l’homme comme l’effet dépend de la cause » (il doit s’agir, non d’utilité, mais seu-

  1. On sait que l’impôt indirect, dans le langage des physiocrates, est tout impôt qui ne frappe pas à la source du revenu, c’est-à-dire tout impôt qui ne porte pas directement sur la terre.
  2. Op. cit., pp. 158 et 224.
  3. Op. cit., p. 152.
  4. Op. cit., p. 64.
  5. Op. cit., ch. II : « Les richesses sont constamment toutes les choses destinées à satisfaire nos besoins… C’est le besoin seul qui donne aux choses leur valeur » (p. 24).