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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/271

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travail, sans donner aucune définition, pas même celle des richesses. C’est la division du travail qui a réalisé les plus grandes améliorations dans la puissance productive de ce travail[1] ; car les machines naissent à peine, et Smith ne peut encore ni connaître, ni deviner les conséquences industrielles des inventions scientifiques[2]. Ensuite les échanges sont d’autant plus nécessaires que le travail est plus divisé. La nécessité des échanges implique à son tour la nécessite de la monnaie. Donc théorie de la monnaie[3] : et l’étude qui en est faite se termine par le passage bien connu, mais obscur ou inexact, sur la distinction de la valeur en usage et de la valeur en échange[4].

De la monnaie nous passons au prix[5]. On distingue le « prix réel », exprimé en travail, et le « prix nominal », exprimé en argent. Là se placera théorie du travail considéré comme étalon de la valeur en ce sens que « la valeur d’une denrée quelconque (pour celui qui l’échange) est égale à la quantité de travail que cette denrée le met en état d’acheter ou de commander[6] ». Smith veut alors décomposer ce prix en ses parties constituantes[7], ce qui l’entraîne dans une matière tout à fait différente, celle de la répartition. On pourrait trouver, dans les pages qui suivent, la base de la distinction du travail simple et du travail qualifié, laquelle jouera un rôle important dans le Capital de Karl Marx[8] ; on y voit aussi la notion de la

  1. Livre I, ch. I-III.
  2. « Smith, dit Ingram, parut juste au commencement d’une grande révolution industrielle. L’époque productive et commerciale où il vivait, était, comme dit Cliffe Leslie, très productive et comparativement étroite : la seule machine à vapeur à laquelle il fait allusion est celle de Newcomen ; il ne mentionne le commerce du coton qu’une fois, et cela incidemment » (Ingram, Histoire de l’économie politique, trad. fr., p. 160).
  3. Ibid., ch. iv.
  4. T. I, p.35. — Voir nos Éléments d’économie politique, 2e édit., p. 26.
  5. L. I, ch. V-VII.
  6. Ibid., p. 38. — Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition p. 254.
  7. Ch. VI : « Des parties constituantes du prix des marchandises ».
  8. Loc. cit., p. 65. — Voyez sur Marx, infra, 1. IV, ch. VI, § 2.