Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/275

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tant, Smith trace fort heureusement la voie à Ricardo, en remarquant que la facilité des communications donne une rente[1] ; en notant que la nourriture de l’homme paraît être le seul des produits de la terre qui fournisse toujours et nécessairement de quoi payer une rente quelconque au propriétaire[2] » (Ricardo, on le sait, raisonnera toujours avec le blé) ; enfin, en observant que ce sont les frais de production du producteur le moins favorisé qui règlent le prix du marché[3].

Au point de vue social, la conclusion de ce chapitre va être que « toute amélioration qui se fait dans l’état de la société, tend… à faire hausser la rente réelle de la terre, à augmenter la richesse réelle du propriétaire, c’est-à-dire son pouvoir d’acheter le travail d’autrui ou le produit du travail d’autrui ». Il en est ainsi, tout particulièrement, de « l’amélioration des terres et de la culture » et de « tous les progrès, dans la puissance productive du travail, qui tendent à réduire le prix réel des ouvrages de manufacture[4] ». Le salaire lui-même, par conséquent, haussera, grâce à une demande plus active de travail ou de produits. Les intérêts des trois classes de la société, c’est-à-dire des propriétaires, des salariés et des industriels, sont donc présentés comme étant harmoniques, bien qu’il faille se défier des marchands, qui réclameront toujours la satisfaction de leurs intérêts propres et qui solliciteront à ce titre un régime de fiscalité et d’entraves[5]. Ce chapitre sur la rente est fâcheusement interrompu par une interminable digression sur les variations historiques du pouvoir de la monnaie et du pouvoir réciproque des deux métaux, ce qui fait qu’à lui seul il forme plus de la moitié de ce premier livre.

Passons au livre II, intitulé « De la nature des fonds ».

  1. Ibid., p. 191.
  2. Ibid., p. 207.
  3. Ainsi en est-il pour le charbon, op. cit., p. 214.
  4. Op. cit., 1. I, ch. XI, pp. 319-320.
  5. Ibid., p. 323.