Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/281

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tendre de lui[1] ». Adam Smith se trompait aussi en s’imaginant que « les écrivains de cette secte suivaient tous dans le fond et sans variation sensible la doctrine de M. Quesnay », et en appelant « petit livre » les deux volumes de Mercier de la Rivière sur l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques[2].

Smith conclut que, « en écartant tous ces systèmes ou de préférences ou d’entraves (c’est-à-dire le système agricole et le système mercantile), le système simple et facile de la liberté naturelle vient se présenter de lui-même et se trouve tout établi[3] ». Il est injuste, ici, pour les physiocrates : car le sentiment des lois naturelles était chez eux beaucoup plus intense et surtout beaucoup plus philosophique que chez Adam Smith ; et la liberté qu’ils eussent voulu dans le régime du travail, du commerce intérieur et jusque dans les échanges internationaux — ici au moins avec Turgot — aurait été plus complète encore et plus humanitaire qu’avec Adam Smith.

Le dernier livre, « du revenu du souverain ou de la République », ne comprend que trois chapitres : 1° des dépenses ; 2° des sources du revenu ; 3° des dettes publiques.

Sur le caractère et le rôle de l’État, les principes que pose Adam Smith n’ont pas besoin d’être rappelés. Tout le monde connaît sa classification des trois devoirs du souverain, dont le premier est de « protéger la société contre la violence et l’invasion d’autres sociétés indépendantes » ; le second, de « protéger autant que possible chaque membre de la société contre l’oppression ou l’injustice de tout autre membre, ou bien d’établir une administration exacte de la justice » ; le troisième, enfin, d’ « élever et entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions, que l’intérêt d’un particulier ou de

  1. Oncken, Œuvres économiques et philosophiques de Quesnay, introd., p. xix.
  2. Richesse des nations, loc. cit., p. 329.
  3. Ibid., p. 338.