Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelques particuliers ne pourrait les porter à ériger ou à entretenir, parce que jamais le profit n’en rembourserait la dépense à un particulier ou à quelques particuliers, quoique, à l’égard d’une grande société, ce profit fasse beaucoup plus que rembourser la dépense[1] ».

On sait que depuis lors l’école de la liberté naturelle a elle-même sensiblement élargi le rôle de l’État. Tel que le dessine Adam Smith, il peut suffire, rigoureusement parlant, à la mission de « gardien du juste » dont l’État est investi. Mais la troisième partie de la tâche du souverain est trop circonscrite ; car l’État ne doit pas évaluer seulement en argent le résultat des diverses œuvres auxquelles il applique ses efforts ; celles qui le sollicitent peuvent à bien d’autres titres se recommander à ses encouragements et à ses faveurs, tout aussi bien, en sens inverse, que des mobiles désintéressés et non pécuniaires peuvent pousser des initiatives privées vers quelques-unes de ces œuvres ou de ces institutions qui préoccupent Adam Smith et qu’il veut confier tout entières au seul souverain[2].

Le revenu de l’État, c’est : 1° le revenu de son domaine ; 2° l’impôt, avec de judicieuses observations sur la tendance de l’impôt à prendre une importance relative toujours plus considérable à mesure que l’on s’éloigne de la féodalité pour avancer dans les temps modernes[3]. Les quatre maximes fiscales de Smith sont restées justement célèbres ; elles consistent : 1° dans la proportionnalité de l’impôt ; 2° dans sa détermination précise et non arbitraire ; 3° dans son adaptation aux plus grandes commodités du contribuable ; enfin, 4° dans l’économie de sa perception[4].

Le dernier chapitre, sur les dettes publiques, est relati-

  1. Richesse des nations, 1. IV, ch. i, t. II, pp, 340, 362, 375.
  2. Voyez en ce sens P. Leroy-Beaulieu, l’État moderne et ses fonctions, pp. 34 et s., et nos Éléments d’économie politique, 2e édition, p. 83.
  3. L. V, ch i, t. II, p. 489.
  4. Ibid., pp. 496-497. — Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 706, 720-721.