Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/284

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’en justifier. L’œuvre est parsemée ça et là de digressions qui n’ont aucun rapport avec les sujets traités ; et le comte Garnier lui-même ne s’est pas fait scrupule d’en signaler les principales[1]. Citons les suivantes : à propos de la rente, une étude sur la variation de la valeur des métaux précieux pendant les quatre derniers siècles[2] ; à propos du capital et de l’argent considéré comme capital, une discussion sur les banques de circulation et le papier-monnaie[3] ; à propos du système mercantile, une dissertation sur les banques de dépôts et particulièrement sur la banque d’Amsterdam[4] ; enfin, à propos des traités de commerce, une dissertation sur les avantages du droit de seigneuriage[5] ;

2° Le caractère cosmopolite et universel que Smith donne à l’économie politique, n’accordant pas une attention suffisante aux diversités de temps et de pays, c’est-à-dire, en général, aux circonstances et aux faits concrets. Ce grief est formulé également contre tous les grands écrivains de cette période, et c’est l’école historique allemande qui s’en est faite le principal interprète : nous le discuterons pour tous en même temps[6] ;

3° L’optimisme basé sur le libre jeu de la liberté individuelle. Cette disposition particulière d’Adam Smith se conçoit mieux lorsque l’on réfléchit aux entraves dans lesquelles le commerce extérieur et l’industrie de l’Angleterre se débattaient encore de son temps et qui, par le maximum légal du salaire ouvrier, n’épargnaient pas même le régime du travail[7] ;

4° La restriction excessive des fonctions de l’État.

  1. Préface du comte Garnier, p. lix de l’édition Guillaumin.
  2. L. I, ch. xi.
  3. L. II, ch. ii.
  4. L. IV, ch. iii.
  5. L. IV, ch. vi.
  6. Voyez plus bas, même chapitre, § vi.
  7. Voyez Richard Schüller, Die Wirthschaftspolitik der historischen Schule, pp. 8 et s.