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III

JEAN-BAPTISTE SAY

Jean-Baptiste Say était né à Lyon, en 1767, d’une famille protestante originaire de Nîmes, mais émigrée à Genève au moment de la révocation de l’édit de Nantes et rentrée en France au milieu du xviiie siècle[1]. Son père, qui était dans le commerce, fit de mauvaises affaires à Lyon et se réfugia à Paris. Le jeune Say y débuta comme employé dans une maison de banque. Entre 1785 et 1787, il fit un séjour en Angleterre ; toutefois la Richesse des nations ne fut connue de lui qu’après son retour en France.

Bientôt la Révolution éclate : il embrasse avec ardeur les idées nouvelles, quitte le comptoir pour faire du journalisme, puis s’enrôle comme volontaire en 1792. Rentré dans la vie civile, il fonde vers la fin de la Terreur (floréal an II — mai 1794) une revue qu’il intitule la Décade philosophique, politique et littéraire par une société de républicains, et dans laquelle il écrit souvent des articles d’affaires et d’économie politique. Au lendemain du 18 Brumaire, il est nommé tribun : c’est le temps de toute la ferveur de son enthousiasme pour Bonaparte. En 1805, il tombe en froid avec l’empereur. Il refuse alors le poste de directeur des Droits réunis dans l’Allier, poste qui lui est offert en compensation du tribunat ; puis il se met à voyager, essaye de diverses industries, monte une filature de coton à Auchy, près d’Hesdin, dans le Pas-de-Calais, et ne revient à Paris qu’en 1812. Sous Louis XVIII, il est

  1. J.-B. Say eut un frère, Louis Say, qui habita Nantes et publia aussi des ouvrages importants sur l’économie politique. M. Schatz (l’Individualisme économique, p. 153 en note) n’hésite pas à le proclamer « infiniment plus intéressant que son illustre frère Jean-Baptiste, encore que d’une orthodoxie plus suspecte ».