en même temps que les hommes d’État cherchaient dans le nombre de leurs sujets une des principales forces des royaumes. Telle était, par exemple, l’opinion de Vauban, parfaitement d’accord du reste avec les maximes de nos saints Livres.
Mais y a-t-il danger que les hommes puissent croître plus vite que les quantités de subsistances qui leur sont nécessaires ? Et si ce danger existe, y a-t-il quelque part des moyens de l’éviter ? Tel est le problème économique qui se pose, avec toutes ses conséquences dans l’ordre moral et l’ordre social.
L’Italien Botero est un des premiers qui en paraissent occupés[1]. Selon lui, l’augmentation de la cité procède à la fois de la force génératrice des hommes, qui est constante, et de la force nutritive de la cité ; et bien que le nombre soit la force des États, il n’en est pas moins vrai que son excès, si les aliments manquaient aux hommes, serait une cause de misère et un péril.
Les physiocrates et Adam Smith après feux semblaient croire à une harmonie naturelle entre la population et la subsistance.
« La mesure de la subsistance, disait le marquis de Mirabeau dans l’Ami des hommes, est la mesure de la population[2]. » Quesnay, en demandant « qu’on fût moins attentif à l’augmentation de la population qu’à l’accroissement des revenus[3] », montrait tout simplement qu’il est plus sage de poursuivre le but par une voie détournée que par une voie directe, et que l’accroissement des vies suivra tout naturellement l’accroissement des moyens de vivre. Adam Smith répétait que « les hommes, comme toutes les espèces d’animaux, se multiplient en
- ↑ Voyez plus haut, p. 103.
- ↑ Intitulé du ch. ii, Ire partie de l’Ami des hommes.
- ↑ Maximes générales du gouvernement économique, xxvie maxime.
verait au moyen âge, serait dans le Songe du Vergier (Somnium viridarii), de Baoul de Prelles ou de Philippe de Maizières (1376). Voir Brants, op. cit., pp. 238 et s. ; — Franck, Réformateurs et publicistes, 1.1, pp. 209 et s.