cet esprit général de suffisance et d’amour-propre scientifique qui, à la fin du xviiie siècle et au commencement du xixe, inspirait à presque tout le monde le mépris systématique de l’histoire et des institutions du passé.
En l’an VIII, membre alors du Tribunat, il avait répondu à un concours de l’Institut sur la question : Quelles sont les meilleures institutions pour fonder la morale chez un peuple ? par un mémoire auquel il donna le titre Olbie. Il y décrivait, au milieu de ses conseils et dans toute la prétentieuse élégance de ces temps là, les mœurs du pays chimérique d’Olbie, où, disait-il, il avait voyagé. C’était, avec toute l’outrecuidance de la philosophie la plus hostile au christianisme[1], la peinture d’une Salente économique. « Pour les Olbiens, dit-il, le premier livre de morale fut un bon traité d’économie politique », parce que l’économie politique est une « science importante, la plus importante de toutes, si la moralité et le bonheur des hommes méritent d’être regardés comme le plus digne objet de leurs recherches[2]. » J.-B. Say moraliste est tout entier dans ces jugements.
IV
MALTHUS
L’opinion des anciens — au moins de ceux d’entre eux qui en avaient une sur ce point là — c’est que la population doit rester stationnaire, une fois atteint le nombre d’hommes qu’une contrée peut nourrir. Platon et Aristote n’étaient guère scrupuleux sur le choix des procédés qui devaient maintenir cet équilibre. Puis les théologiens du moyen âge ne virent que le côté moral de cette question[3],
- ↑ Olbie, à étudier surtout la note C, pp. 83-96.
- ↑ Op. cit., pp. 10 et 25.
- ↑ Saint Thomas d’Aquin, Summa theologica, IIa IIae, quaestio clii, art. 2. — Voyez sur cette question Brants, Théories économiques aux xiiie et xive siècles, pp. 235 et s. — La seule trace d’inquiétudes malthusiennes que l’on trou-