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Les théories les plus fameuses de Ricardo sont forcément étudiées dans tous les cours d’économie politique.

Pour ce motif, nous ne voulons pas revenir sur sa théorie de la valeur basée sur le travail que la richesse a exigé ou aurait dû exiger pour être produite[1] — théorie que Ricardo lui-même restreignait à « celles des marchandises dont la quantité peut s’accroître par l’industrie de l’homme, dont la production est encouragée parla concurrence et n’est contrariée par aucune entrave[2] ». — Or, Ricardo, en faisant de semblables réserves, ne violait-il pas cette règle de logique, que toute définition est dans l’alternative d’être adéquate à l’objet ou bien d’être fausse ?

Nous reviendrons moins encore sur la théorie de la rente différentielle, qui aurait suffi à elle seule pour immortaliser son nom[3]. On connaît trop la définition de la rente — cette part du revenu du propriétaire foncier qui n’est pas causée par les capitaux incorporés au sol (défrichements, constructions rurales, etc.), et qui, par conséquent, est le produit propre et direct du sol lui-même ; — on connaît trop bien aussi les trois situations qui l’engendrent : 1° l’inégalité de fertilité ; 2° l’inégalité de proximité ; 3° l’inégalité de rendement des capitaux additionnels. Avec ce dernier cas toutefois, Ricardo ouvrait une brèche par où tout son système pouvait crouler ; car c’était admettre qu’en ce cas là au moins certaines, tranches de revenus de capitaux pouvaient constituer de la rente et que par conséquent la rente n’était pas uniquement et essentiellement du revenu de la terre. Il a eu également le tort de poser en principe, sans aucun essai de démonstration, l’égalité nécessaire du rendement de tous les capitaux en un certain lieu et un certain temps, quelles que fussent les dates ou les formes de leur incorporation.

Ailleurs nous avons discuté très longuement ces ques-

  1. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, p. 33.
  2. Principes de l’économie politique et de l’impôt, ch. i, sect. i.
  3. Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 486 et s.