Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Bologne, quand Napoléon le remarqua. Il débuta dans cette ville comme avocat, puis comme professeur à l’Université. La chute de la domination impériale parut briser sa carrière : mais ce n’était que l’a première des nombreuses péripéties de cette vie qui devait connaître toutes les extrémités de la fortune. En 1815, Rossi s’attache à la cause de Murat essayant de reconquérir le trône de Naples. Par bonheur, Rossi échappe, au désastre, s’enfuit et vient à Genève. En 1819, il ouvre dans cette ville un cours libre de droit. Trois mois plus tard il est nommé professeur à l’Université de Genève, et il est le premier catholique qui y enseigne depuis Calvin. En 1820, il est naturalisé Genevois, puis élu représentant. Mais cette seconde patrie ne lui suffit pas, et il vient en France en 1830, pour en chercher une troisième. En 1833, il est nommé professeur d’économie politique au Collège de France, en remplacement de J.-B. Say et par préférence à Charles Comte, gendre du défunt. Il obtient en 1834 la grande naturalisation et, quinze jours après, la chaire de droit constitutionnel à la Faculté de droit de Paris. Il est pair de France en 1839, doyen de la Faculté de droit de Paris en 1843, ambassadeur de France à Rome en 1844, jusqu’à ce que la Révolution de février le rende à la vie privée, où Pie IX va le chercher pour en faire le ministre de l’intérieur de son cabinet libéral. Il meurt bientôt, assassiné au Quirinal, le 15 novembre 1848, par les carbonari conjurés.

Rossi avait professé l’économie politique au Collège de France, de 1833 à 1840, entre J.-B. Say et Michel Chevalier. Son cours a été publié, en grande partie d’après sa propre rédaction, et pour le reste sur les notes sténographiées qu’un de ses élèves avait prises. Rossi est clair plutôt qu’original ; il excelle à exposer, à rectifier même des inexactitudes de détail. M. Paul Leroy-Baulieu, un peu trop sévèrement il est vrai, le qualifie « un écrivain qui a merveilleusement reflété les idées d’autrui, sans en