avoir aucune en propre[1] ». On lui doit une fort judicieuse distinction entre la science, qui ne tend qu’à connaître, et l’art, qui se propose d’appliquer.
Un bon travail de la même période, c’est le petit volume de Gustave Droz, intitulé Économie politique ou principes de la science des richesses (1829)[2]. On y trouve, parmi beaucoup de vérités simples et non répandues alors dans le public, la division de l’économie politique en ses quatre parties généralement acceptées depuis lors : formation de la richesse ; circulation (ce que Droz appelle encore un peu obscurément « formation et distribution » ) ; distribution ; consommation.
C’est de lui qu’est ce mot souvent cité : « En lisant certains économistes, on croirait que les produits ne sont pas faits pour les hommes, mais les hommes pour les produits[3] ». Cependant ce souci de la répartition ne détache pas encore Droz des doctrines classiques exclusivement professées de son temps. Il rejette l’ingérence de l’État dans le domaine économique ; et s’il s’afflige de la modicité des salaires, s’il déclare que l’intérêt des patrons eux-mêmes est d’accorder une rémunération plus élevée à l’ouvrier, dont la productivité augmente avec la hausse des salaires, ce n’est encore que pour demander aux entrepreneurs plus d’humanité, comme il demande aux riches plus de charité[4]. Il assigne sans doute à l’art économique un but humanitaire que ni Smith, ni Ricardo n’avaient envisagé mais ce n’est pas, à vrai dire, avec la pensée de se séparer de la science économique qu’ils avaient fondée ou développée. Si l’on tient, comme Blanqui, à le ranger parmi les
- ↑ Traité théorique et pratique d’économie politique, 2e édit., t. IV, p. 520.
- ↑ Gustave Droz (1773-1850), de Besançon, fixé à Paris vers la fin de la Révolution après avoir pris une part honorable aux guerres extérieures de la France. Il débuta en 1801 par les Lois relatives aux progrès de l’industrie, où il combattait énergiquement tout projet de rétablissement des maîtrisés. — Son Économie politique eut un réel succès. La 3e édition (1854) est précédée d’une préface de Michel Chevalier.
- ↑ Droz, op. cit., 3e édit., pp. 57-58.
- ↑ Droz, op. cit., 3e édit., pp. 241, 257, 263.