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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/346

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anglaise, avec le penchant qui portait celle-ci aux généralisations et à l’étude des éléments typiques, et avec la préférence que beaucoup d’économistes anglais donnaient alors à la méthode métaphysique.

Aussi bien Adam Smith ne manqua pas de disciples. Kraus fut un des premiers[1]. À dater de 1790, il se consacra aux études économiques et politiques ; il renouvela l’enseignement des sciences camérales et implanta par là les doctrines classiques — die klassische Nationalœkonomie, qu’il faudrait bien se garder d’appeler l’économie politique nationale au sens français de ce dernier mot.

Mais ces problèmes de la liberté du travail ou du maintien des corporations (Zünfte), ceux de la suppression des douanes intérieures et ceux de l’affranchissement de la propriété paysanne absorbaient une notable part de l’attention des économistes. Jacob[2] voulait remplacer le système corporatif fermé par le système des associations libres ; d’autre part son interventionnisme étroit et son désir de ne pas sacrifier l’intérêt général à quelques intérêts particuliers lui faisaient encore croire que la propriété, n’étant pas un droit absolu, avait besoin d’être limitée par la recherche des buts généraux et plus importants à l’égard desquels elle n’était elle-même qu’un moyen. Lotz[3] serait l’auteur le plus libéral de cette génération. En tout cas, celui dont l’influence est restée certainement la plus grande fut Rau (1792-1870), professeur à l’Université d’Erlangen, puis à celle d’Heidelberg[4]. Rau n’est cependant qu’à demi libéral ; tout au moins ne s’élève-t-il que lentement vers les doctrines classiques, surtout dans leur

  1. Christian Jacob Kraus, successivement professeur de philosophie, de mathématiques et d’histoire à l’Université de Kœnigsberg, auteur d’une Staatswirthschaft (1808-1811) et de Vermischte Schriften.
  2. Jakob, auteur des Grundsætze der Polizeigesetzgebung et des Grundsætze der Nationalœkonomie (1809).
  3. Lotz, conseiller d’État du duché de Saxe-Cobourg, auteur d’un Handbuch der Staatwissenschaftslehre, Erlangen, 1821.
  4. Auteur de Ansichten der Volkswirthschaft, 1821 ; Grundsætze der Volkswirthschaftspflege, 1828 ; Lehrbuch der politischen Œkonomie, 1826-1832.