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est demeurée assez faible : ni Rau[1], ni Roscher[2], ni Mangoldt[3] n’ont cru que la tentative de Thünen pour formuler une loi générale du salaire eût abouti à un énoncé d’une vérité générale ou au moins suffisamment approximative.


III

SISMONDI ET SON INFLUENCE

Au début du XIXe siècle, le libéralisme économique régnait sans conteste dans la doctrine : par contre, dans la pratique, les souffrances des classes ouvrières et l’exploitation égoïste du travail sollicitaient impérieusement une intervention ou des réformes. L’heure était donc bonne pour douter de la vertu d’une liberté sans contrôle et sans frein.

Ce fut Simonde de Sismondi qui en inaugura la critique. J. G. L. Simonde de Sismondi (1773-1842), né à Genève, mais issu d’une famille originaire de Pise, qui s’était établie en Dauphiné au commencement du XVIe siècle et qui, devenue protestante, avait ensuite émigré en Suisse à la révocation de l’édit de Nantes, est un des écrivains les plus variés et les plus féconds[4].

Il avait publié, en 1803, la Richesse commerciale, où il s’inspirait encore d’Adam Smith sans dépouiller tout à fait les anciennes doctrines mercantilistes, et où il négligeait

  1. Rau, Grundsætze der Volkswirthschaftslehre, 1860, § 200.
  2. Roscher, System der Volkswirthschaftslehre, 1874, §§ 173, 183.
  3. Mangoldt, Grundriss der Volkswirthschaftslehre, 1863, pp. 160-164.
  4. Outre ses œuvres économiques, on a de lui une Histoire des républiques italiennes en 12 volumes, une Histoire des Français en 31 volumes, une Histoire des littératures du Midi de l’Europe, etc. — Il avait été en relations avec Necker et Mme de Staël et était très hostile au catholicisme.— Dans ses premiers écrits, il ne s’appelle que Simonde et restitua seulement plus tard le vieux nom de sa famille : de Sismondi. — Sur Sismondi, voyez M. Aftalion, Œuvre économique de Simonde de Sismondi, Paris, 1899 ; — Denis, Histoire des systèmes économiques et socialistes, t. II, pp. 273 et s. ; — Isambert, les Idées socialistes en France de 1815 à 1848, 1905, Ire partie, ch. v.