Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/377

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mettait à l’empereur de signer à lui tout seul, sans avoir besoin de les faire ratifier parle Corps législatif. Napoléon III se rendit aux motifs invoqués : Michel Chevalier fut envoyé en Angleterre avec mission de s’entendre avec Cobden, qu’il parvint à ramener à Paris. Mais la négociation fut pénible : tellement Cobden, partisan du libre-échange absolu et sans réciprocité conventionnelle, était éloigné de comprendre la nécessité des traités de commerce.

Joseph Garnier (1813-1881) ne fut ni un homme d’action, ni un promoteur d’idées nouvelles : c’était bien plutôt le vulgarisateur[1]. Il fut un des fondateurs du Journal des Économistes et de l’Annuaire de l’économie politique et de la statistique. On lui doit un Principe de population, dans un sens purement malthusien, un Traité d’économie politique, qui eut un grand succès, un Traité des finances et nombres d’autres ouvrages estimables.

Quant à Wolowski (1810-1876), qui appartient à la même pléïade d’économistes libéraux groupés autour de l’œuvre de 1860, il s’occupa surtout des questions de banque, de monnaie et de finances[2].

Le système de la moindre action de l’État, qui était au fond de la fameuse déclaration de Manchester du 10 mai 1846, allait se découvrir un philosophe inconnu, qui avait depuis longtemps indiqué des bases nouvelles à cette théorie. C’est Guillaume de Humboldt, frère du grand naturaliste. Il y a du reste une profonde différence entre Bentham et Humboldt, et la morale utilitaire ou la vulgarité de l’égoïsme individuel n’a plus rien à faire ici.

Né à Postdam en 1767 et mort conseiller d’État en

  1. Joseph Garnier, fils de modestes cultivateurs du Var, fut le beau-frère d’Adolphe Blanqui. Il représenta le département du Var au Sénat, de 1876 à 1881.
  2. Wolowski, Polonais d’origine, se trouvait en mission à Paris, pour le compte du gouvernement insurrectionnel, de 1830 à 1832. Il y resta après la victoire des Russes. Il fit partie de l’Assemblée nationale en 1871 et exerça une influence salutaire dans les discussions de finances et d’impôts.