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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/39

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Mais quelque sévères que fussent les peines portées contre les vendeurs et les acheteurs qui auraient outrepassé le tarif, ainsi que pour ceux qui auraient dissimulé les subsistances et affamé ainsi le peuple, quelque abus que Dioclétien fît de la peine de mort et de la condamnation aux mines ; sa tentative eut le sort qui devait être réservé, près de quinze siècles plus tard, à la législation tout à fait pareille de la Convention. C’est que dans le monde romain du IVe siècle, pas plus que dans la France de 1793, les lois économiques n’ont permis jamais qu’on les violât. Dioclétien provoqua des troubles, la disette fut rendue plus cruelle et l’expérience, quoique prolongée au moins jusqu’après l’abdication de l’empereur, ne servit qu’à accroître les calamités auxquelles il avait voulu remédier si maladroitement[1].


    — M. Dubois, dans son Précis de l’histoire des doctrines économiques dans leurs rapports avec les faits et les institutions, ne fait aucune mention de cet événement, auquel les économistes ne paraissent, en effet, avoir accordé aucune attention spéciale. Cependant Schmoller, partisan des taxations officielles, explique très complaisamment cet édit de Dioclétien comme une conséquence de la révolution monétaire de l’époque » (Schmoller, Principes d’économie politique, tr. fr., t. III, 1906, pp. 277 et s.).

  1. Lactance, De mortibus persecutorum, vu : « Cum variis iniquitatibus faceret caritatem, legem pretiis reriim venalium statuere conatus est. Tum ob exigua et vilia multus sanguis effusus est ; nec venale quidquam metu apparebat, et caritas multo deterius exarsit, donec lex necessitate ipsa post multorum exitium solveretur. » — L’indignation de Lactance est un nouveau témoignage de la liberté économique dont le droit civil romain nous avait déjà fourni les preuves, puisque Lactance connaissait si bien le prix de cette liberté.