Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Pologne produit la quantité de blé dont il s’agit avec 100 journées de travail et la quantité de drap avec 150 : donc là valeur respective de ces deux richesses y est de 1/1, 5 ; par contre, en Angleterre, le blé coûte et vaut 200 journées, et le drap, 175 seulement, soit le rapport 1/0, 875. En l’état, la Pologne importe du drap anglais, quoique le coût absolu en soit plus élevé que chez elle (175 contre 150), et elle exporte du blé. Sans échange, les deux pays auraient dépensé en blé et en drap 625 journées () ; avec l’échange (abstraction toujours faite des transports), ils n’en dépensent que 550 ()[1].

— Nous avions vu tout à l’heure[2] dans quels deux cas, selon l’opinion courante, un pays importerait de l’étranger. Ce devrait être seulement, disait-on : 1° pour avoir ce qu’il ne peut pas produire ; 2° pour avoir ce qu’il ne peut pas produire avec aussi peu de travail que n’en met l’étranger.

Or, la formule des valeurs relatives laisse bien subsister la première de ces deux explications, parce que celle-ci ne lui est point contraire ; mais elle infirme et renverse la seconde toutes les fois qu’elle ne pourrait pas s’accorder avec elle. Plus exactement elle s’y substitue d’une manière universelle, puisqu’elle donne elle-même les conditions nécessaires et suffisantes de tout échange.

Stuart Mill étendait ses raisonnements à l’hypothèse de plus de deux marchandises et de plus de deux pays[3]. Mais,

  1. Cairnes, Some leading principles, 1. III, ch. 1, § 3, p. 369 : « Under the circumstances supposed (the superiority in producive power lying in the case of every branch of industry on the side of one country), it may yet be for the interest of both to satisfy their wants by engaging in trade, provided only that the advantage enjoyed by the country possessing the superior industrial ressources be not equally great in each instance, in other words, provided that each country possesses, in respect to the other, a greater advantage or a less disadvantage in the production of some than in that of other commodities. » — Comparez Stuart Mill, loc. cit., pp. 106, 107, 109, etc. — Voyez aussi Bastable, op. cit., p. 77.
  2. Supra, p. 398.
  3. Stuart Mill, Principes d’économie politique, 1. III, ch. xviii, §4, pp. 124 et s.