Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/416

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’existaient pas et si le commerce de pays à pays se bornait à l’échange de leurs produits respectifs[1]. »

L’axiome que « chaque pays n’a que la quantité de numéraire nécessaire pour régler les opérations d’un commerce avantageux d’échange », va nous acheminer ensuite vers la solution du problème des changes internationaux.

De ce théorème de l’ajustement spontané des prix aux valeurs internationales, Ricardo tirait en bonne logique les déductions suivantes : 1° que le progrès industriel d’un pays tend à changer la distribution des métaux précieux parmi les divers peuples ; 2° qu’il tend à accroître en quantité et à renchérir en prix les denrées dans le pays dont les manufactures progressent ; 3° que ce progrès et cette hausse amènent une hausse des salaires nominaux sans variation des salaires réels ; 4° que l’afflux du numéraire n’augmente ni le capital national, ni ses profits (quoique ce capital puisse augmenter par le nouveau matériel industriel, s’il y en a réellement un qui soit introduit ou créé)[2]. Toutefois ces deux dernières déductions de la théorie de Ricardo, relatives à la répartition, ont été longuement discutées par Cairnes, qui ne les admet point avec leur rigidité[3].

Bref, « l’argent n’a jamais une même valeur dans deux pays différents[4]. » Cela vient-il de ce que la valeur des marchandises change par rapport à lui ou bien de ce que la sienne change par rapport à elles ? Ricardo étudie encore cette question-là, quoique assez confusément[5]. En tout cas, quand le change à Londres sur Hambourg monte

  1. Ricardo, Principes de l’économie politique et de l’impôt, ch. vii, p. 98 ; voyez aussi p. 101. M. Sauvaire-Jourdan dans la traduction de Bastable (p. 75 en note) critique la traduction de Ricardo (par Fonteyraud) comme étant ici « inexacte et peu intelligible ». — Ricardo avait déjà professé cette opinion dans son High price of bullion (1809).
  2. Ricardo, loc. cit., pp. 102, 103.
  3. Cairnes, Some leading principles, 1. III, ch. ii, §§ 3-5.
  4. Ricardo, loc. cit., p. 103.
  5. Loc. cit., pp. 104-105.