Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/419

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du XIXe siècle a donné raison — contre l’optimisme par exemple de M. Gide[1].

Telle est dans ses traits essentiels la célèbre théorie de la valeur internationale d’après Ricardo et Stuart Mill. Elle est certainement beaucoup supérieure à la théorie des débouchés et à celle de l’économie des efforts : mais peut-être bien, comme dit Cairnes[2], n’est-elle pas irréprochable. À coup sûr elle a besoin d’être sérieusement examinée.

Cairnes fait remarquer d’abord que si l’économie dans les efforts est la raison dernière de l’échange international, ce n’en est pas moins la différence des prix absolus qui en est la cause prochaine pour le marchand : car « toute transaction commerciale — comme dit Ricardo lui-même — est une opération indépendante[3] ». Or, dans chaque pays le marché intérieur obéit à la loi du coût de production, si la concurrence est libre, et à celle de l’offre et de la demande, si la concurrence ne l’est pas. Il en sera de même entre nations, celles-ci étant considérées, les unes par rapport aux autres, comme des non-competing groups[4]. Précisément Ricardo a toujours compté des quantités de travail ; et il n’a pas examiné les taux de salaires, parce qu’il avait constamment affirmé que les variations des salaires n’influent que sur les profits des capitalistes et nullement sur les prix des marchandises. Mais si Ricardo a raison pour l’intérieur d’un même pays, c’est-à-dire dans un competing group où les salaires et les prix, selon lui, se nivellent assez rapidement, et même

    et plus cher surtout que sur vagon à destination de Lausanne ou de Marseille (à cause de la concurrence des charbons allemands en Suisse, des charbons anglais et du Gard à Marseille).

  1. Gide, Principes d’économie politique, l. II, ch. vii, § 9, 4e édit., p. 423.
  2. « The doctrine, dit Cairnes, though undoubtedly comprising the more fondamental conditions determining the interchange of nations, is, nevertheless, in certain respects defective » (Some leading principles, l. III, ch. ii, § 1, p. 382).
  3. Cairnes, loc. cit., pp. 382-383.
  4. Ibid., § 2, p. 388.