Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/420

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se tiennent au même niveau, il n’en est pas de même sur le marché du monde, où les diverses nations, considérées comme non-competing groups, ont des salaires réels et des standards of life absolument différents. Donc ce n’était pas par des quantités effectuées de travail que la valeur internationale devait être, mesurée. Première observation[1].

Nous ne croyons pas cependant que l’on doive adopter sans réserve la formule que la différence des prix absolus soit pour le marchand la cause immédiate de l’échange international, ni que cette formule soit imposée par le motif — donné plus haut — que toute transaction commerciale est une opération indépendante.

Pour bien nous expliquer, revenons à l’hypothèse des deux Mill citée déjà plus haut[2]. L’Angleterre produit le drap avec 150 jours de travail et le blé avec 200 ; la Pologne produit blé et drap également avec 100 jours : néanmoins la Pologne achète le drap anglais. On dira que c’est pratiquement impossible, parce qu’il n’y aura pas de marchand polonais qui veuille payer 150 journées aux Anglais plutôt que 100 aux Polonais, et parce que, d’autre part, les coûts relatifs ne pourraient être comparés que par un marchand universel et unique faisant à la fois tous les articles. L’objection est sérieuse : elle n’est pas décisive cependant si l’on se souvient que les échanges internationaux se règlent en lettres de change, que ces lettres de change sont libellées en monnaies du pays où la traite est payable, et que cette monnaie du pays tiré peut être cotée au dessus du pair au pays tireur, conformément au principe de l’ajustement du pouvoir de la monnaie d’après le besoin qu’on en a.

Vient une autre critique. Stuart Mill a supposé un équilibre obtenu par la seule balance des importations et

  1. Ibid., § 3, pp. 389 et [illisible]
  2. Supra, p. 403.