Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/426

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valurent, de la part de Mathieu Carey, père du grand économiste, l’offre d’une chaire à l’Université du Maryland, pour laquelle Carey aurait versé 500 dollars chaque année. Il est juste de dire que Raymond est tout à fait inconnu en Europe[1].

On doit à Daniel Raymond quatre propositions qui vont être la base de la doctrine de List :

1° La distinction de la richesse nationale et de la richesse privée. Raymond convient qu’il a puisé dans Lauderdale l’idée de cette distinction ; mais la définition qu’il donne de l’une et de l’autre richesses, est entièrement différente de la définition de Lauderdale.

Pour Raymond, tandis que la richesse individuelle consiste en « commodités », tandis qu’elle est caractérisée par le pouvoir d’échange et qu’elle se mesure par les valeurs, la richesse nationale, au contraire, consiste dans, la capacité d’acquérir par le travail les choses agréables ou nécessaires à la vie[2]. Elle est donc faite de force, de pouvoir de travail, au lieu d’être faite de biens objectivement estimés. Ajoutons que les mouvements de ces deux richesses ne sont pas parallèles ;

2° Le caractère d’unité économique que possède la nation. Adam Smith et son école parlaient de richesses en

  1. Nous n’avons trouvé le nom de Raymond ni dans Ingram, ni dans Espinas, ni dans le Dictionnaire d’économie politique de Léon Say et Chailley-Bert, ni dans les Progrès de la science économique de M. Block (lequel du reste, n’a pas nommé List une seule fois). — Sur Raymond, voyez une fort bonne étude de M. Lepelletier, dans la Revue d’économie politique, n° d’octobre 1900. « Notre distingué collègue des Facultés catholiques de Lyon, M. Rambaud — y est-il dit — est le premier qui, à notre connaissance, ait parlé quelque peu longuement de Raymond dans son excellente Histoire des doctrines économiques. Avant lui Cossa, dans son Introduzione allo studio dell’economia politica avait simplement noté en quelques lignes la nature des tendances de sa doctrine et cité son nom au nombre de ceux des premiers économistes américains. Mais les autres historiens des doctrines économiques, comme Espinas et Ingram, vont jusqu’à s’abstenir d’en faire mention. ».
  2. « A capacity for acquiring the necessaries and comforts of life… This capacity never can exist independent of labor. Labor is the cause and the only cause of wealth » (Thoughts, 4e édit., pp. 84 et s.).