une science, en exposant dans toute sa rigueur la théorie des lois générales ; 2o désarmer les hommes d’affaires et les politiques, en leur accordant de prime abord que, dans la pratique, des causes de plus d’une sorte viennent troubler les lois théoriques et en modifier les formules, tandis que des intérêts supérieurs aux intérêts économiques peuvent justifier, voire commander des dérogations artificielles au cours naturel et normal des choses ; 3o avant tout, enlever à l’économie politique le cachet antichrétien dont l’ont affublée les économistes, non pour lui concilier la faveur des catholiques, mais parce que c’est un devoir de dire la vérité[1]. » M. de Metz-Noblat n’a pas cependant l’optimisme de Bastiat, quoiqu’il ait la même foi en la Providence ; il n’a pas non plus là même aversion pour Malthus et Ricardo, dont il accepte bien les lois essentielles sur la population et la rente. Ce qui le garde sur tous ces points contre les entraînements généreux de Bastiat, c’est sa conviction que l’humanité tombée, souffrant d’autre chose que d’un manque de liberté, ne peut pas remonter au bonheur et trouver l’harmonie de tous les intérêts en remontant seulement à la liberté[2].
- ↑ Op. cit., 2e éd., pp. xliii-xliv. — Il est incontestable que l’économie politique mal comprise ou radicalement ignorée a été souvent calomniée par d’excellents catholiques, comme étant inconciliable avec la morale chrétienne et comme ayant engendré le socialisme. C’est le mot de Donoso Cortès disant au Parlement espagnol (30 janvier 1850) : « Le socialisme est fils de l’économie politique, comme le vipéreau de la vipère, lequel, à peine né, dévore celle qui vient de lui donner la vie » (Œuvres, tr. fr, 1862, 1.1, p. 386). Cette thèse revient constamment sous la plume des catholiques sociaux. Nous estimons, quant à nous, que la question est mal posée. Démontrez, si vous pouvez, que l’économie politique est une prétendue science qui n’a découvert que des erreurs, et alors nous vous l’abandonnerons ; mais si elle est une science véritable, s’il faut tenir pour exactes des relations qu’elle découvre ou des propositions qu’elle formule, nous ne pouvons pas admettre l’antagonisme prétendu de la vérité scientifique et de la vérité religieuse, parce que la contradiction de deux vérités serait un monstre logique dont la simple hypothèse révolte le bon sens.
- ↑ « En y regardant de plus près, dit-il, les publicistes catholiques eussent reconnu que, loin d’être en contradiction avec l’esprit de l’Évangile, l’économie politique en prouve à sa manière l’origine divine. Elle montre, en effet, que les institutions et la discipline de l’Église sont parfaitement conformes aux principes établis par une science toute moderne (allusion au