Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/482

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l’économie politique (1860), non pas que l’économie politique soit une branche de la morale ou qu’elle en soit subalterne, mais en ce sens que les leçons d’art économique qui se dégagent de la science, appuient généralement, pour le bien des individus et des peuples, les devoirs déjà révélés et imposés par la morale naturelle et religieuse. Son Histoire du luxe public et privé depuis l’antiquité jusqu’à nos jours (1878-1880) est le fruit de patientes recherches. Il n’en est que plus regrettable que sa belle étude historique, morale et descriptive des Populations agricoles de la France soit restée inachevée.

M. Colson, professeur à l’École supérieure des ponts et chaussées, se plaçait plus spécialement au point de vue de son enseignement et des ingénieurs qu’il avait à former : peu de théorie ; quelques rapides aperçus de droit élémentaire ; beaucoup de descriptions économiques et d’applications, particulièrement dans les parties les plus développées de son vaste ouvrage, je veux dire les finances et les travaux publics.

Parmi les économistes libéraux partisans des théories des lois économiques naturelles, est-ce donc qu’un souffle largement chrétien n’a jamais pénétré ? Si l’économie politique est une science, c’est-à-dire si elle découvre et possède des vérités, ne s’est-on pas dit, même après Bastiat, que ces vérités doivent avoir leur place dans l’ordre divin et que les lois qui les coordonnent entre elles, doivent être quelqu’une des innombrables manifestations de l’éternelle Sagesse qui a disposé le monde et qui le gouverne ?

M. de Metz-Noblat a eu cette généreuse conception, avec son modeste volume des Lois économiques, « résumé d’un cours d’économie politique fait à la Faculté de Droit de Nancy[1] ». Lui-même présentait ainsi son but : « 1° montrer aux plus récalcitrants que l’économie politique est bien

  1. 1re édition, 1867 ; — 2e édition, avec préface de Claudio Jannet, 1880.