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Page:Rambaud, Histoire des doctrines économiques, 1909.djvu/493

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et même pour les non-syndiqués ; on fait appel au principe de la grève obligatoire. Mais parmi les partisans de ces formules nouvelles, peut-il y en avoir qui se réclament encore des principes profondément individualistes que la Révolution a proclamés et qu’elle avait empruntés pour une large part aux physiocrates ? Il ne devrait pas y en avoir et il y en a cependant ; il n’y a même, ce nous semble, que de ces hommes-là. Nous constatons le non-sens : nous ne nous chargeons point de l’expliquer autrement que par la politique et par l’ambition[1].

Nous n’insistons pas davantage : ce ne serait pas seulement entrer trop tôt dans la discussion des formules du socialisme, ce serait aussi nous égarer à en discuter les procédés.

En attendant, un changement profond s’opérait et continue toujours de s’opérer dans la manière dont les besoins économiques sont satisfaits. Autrefois la vie économique était individuelle pour la totalité : maintenant elle est sociale pour une large part, et cette part tend à s’élargir toujours davantage.

Comment cela ?

On vivait autrefois beaucoup sur son fonds et de son fonds lui-même. Même dans la vie urbaine et pour la partie de la vie rurale que les produits du sol ne suffisaient pas à alimenter ou à pourvoir, on se contentait de recourir, comme simples particuliers, à des échanges que la recherche directe et personnelle des intérêts privés suffisait aussi

  1. On peut voir sur ce point le Fédéralisme économique, de J. Paul-Boncour, Paris, 1900, avec préface de M. Waldeck-Rousseau (voyez particulièrement, pp. 47 et s., pp. ; 86 et s.). — Suivant l’auteur, l’individualisme proclamé en 1791 était seulement un procédé de destruction, mais non un principe : depuis lors aussi, il y a eu une double « dégénérescence », soit « provenant de la différence de régime entre le groupement ouvrier et les autres » (pp. 62 et s.), soit « provenant de l’évolution économique » (pp. 75 et s.). Mais la vraie liberté du travail implique, d’après M. Paul-Boncour, l’absorption de l’individu au sein de son groupe professionnel et l’anéantissement de son individualité économique : et tout cela était dans les principes de 1789, où personne ne l’y voyait, ni ne croyait l’y avoir mis, tout au contraire. Comprenne qui pourra !