caire des ouvriers ». Rappelle cela « la théorie socialiste de l’intérêt » : et il ajoute avec raison que « son apparition n’est évidemment pas l’événement le plus réjouissant de notre siècle », quoique « par ses conséquences il compte certainement au nombre des plus importants[1] ».
À toutes ces raisons M. de Bœhm-Bawerk propose d’en substituer une qui soit d’un ordre plus métaphysique[2]. Selon lui, c’est le temps qui est chargé de la fournir comme c’était lui qui, dépensé d’abord, devait être récupéré et au-delà sous la forme de capital. Un bien présent vaut plus qu’un bien futur ; donc, au bien futur il sera nécessaire d’ajouter quelque chose, pour rétablir l’égalité entre la prestation actuelle du bailleur ou prêteur et la prestation future du locataire ou emprunteur. Mille francs dans un an ne valent pas mille francs aujourd’hui ; à ces mille francs dans un an j’ajouterai 30 francs, pour que les 1.030 francs futurs équivaillent aux 1.000 francs présents.
Cette explication s’adapte assez bien au prêt à intérêt et à l’escompte[3]. M. de Bœhm-Bawerk essaye de rappliquer également aux bénéfices de l’entrepreneur, pour justifier cette forme du loyer ou intérêt qui, selon la terminologie anglaise, est incluse dans les profits du capital. Il considère, en effet, que les biens d’un ordre plus éloigné, sur lesquels la dernière production d’utilité ne s’est pas encore appliquée, valent moins que les biens du premier ordre, parce qu’entre les uns et les autres le temps ne s’est pas encore intercalé. La même raison serait donnée pour le loyer des biens auxiliaires de la consommation, tels que sont les maisons. En un mot, même en industrie, la force
- ↑ Op. cit., tr. fr., t. II, pp. 1-2.
- ↑ La théorie propre de M. de Bœhm-Bawerk est développée dans la seconde partie de son ouvrage, intitulée Kapital und Kapitalzins, non encore traduite en français. Voyez-en une analyse dans Block, Progrès de la science économique, 2e éd., t. II, pp. 362 et s.
- ↑ M. Block (Progrès de la science économique depuis Adam Smith, 2e édit., t. II, p. 365) trouve cependant ici que le temps est chargé de faire beaucoup trop de choses, et le travail beaucoup trop peu.