Mais ce n’est point ainsi que les « historiques » comprennent et présentent d’ordinaire la différence. Il n’y a pas même seulement une différence de méthode, en ce que les uns auraient fait de la déduction et que les autres ne voudraient faire que de l’induction[1] : il y a bien réellement une véritable contradiction des principes et des lois.
Un auteur que nous avons déjà souvent cité, actuellement professeur à l’Université Harward et précédemment à Oxford, Ashley, dans la préface de son Introduction to English economic history and theory, a marqué très nettement l’antagonisme irréductible des deux écoles.
« Les enseignements de Roscher, d’Hildebrand et de Knies, dit-il, restés oubliés pendant plus d’un quart de siècle, n’ont été appréciés à leur juste valeur que lorsque les besoins pratiques de la vie moderne eurent montré les lacunes des vieilles méthodes économiques. Pendant ce temps, l’idée d’une évolution régulière de la société s’était fait lentement accepter. Soit que cette évolution ait été conçue comme la manifestation progressive de l’âme du monde, ainsi qu’elle l’a été avec Hegel, soit qu’il faille voir en elle, avec Comte, la croissance de l’humanité ; soit enfin qu’il faille y voir, avec Spencer, une adaptation de l’organisme social à tout ce qui l’entoure, l’effet est le même et le regard de l’économiste s’ouvre sur l’avenir et sur le passé avec des perspectives dont on n’avait jamais rêvé. On comprendra mieux ce changement si l’on examine les principes qui vont guider maintenant les recherches.
Ces principes peuvent être ainsi déterminés : 1° l’économie politique n’est pas un corps de doctrines absolument vraies, révélées au monde à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci[2] ; elle n’est qu’un certain nombre de théories et de généralisations de plus ou moins de