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dings[1], va jusqu’à considérer les sociétés humaines comme la suite des sociétés animales, de même que l’homme individuel est le successeur transformé du singe : car, ainsi que le remarque un autre sociologue (qui tient cependant cette théorie pour plus gênante que commode), « il est inadmissible qu’alors que tous les êtres, jusqu’à l’homme inclusivement, dérivent d’un type antérieur modifié, le subséquent de l’homme soit un être multiple comme la société[2]. »

Toute une littérature en a germé.

De ces nombreux auteurs qui ont creusé plus ou moins les analogies organiques, le plus illustre, sans conteste, est l’Allemand Schæffle, auteur de l’ouvrage Structure et vie du corps social, paru en 1875-1878[3]. Nous citons après lui le juif allemand Lazarus, professeur à l’Université de Berlin, qui prétendit fonder la science nouvelle de la « psychologie des peuples »[4] ; puis de Lilienfeld, qui intitulait un livre la Pathologie sociale[5] ; de Roberty[6], Novi-

    pp. 467 et s.). — Nous nous garderions cependant d’admettre d’une manière générale les opinions de M. Michel, qui est un adepte du socialisme d’État et dont les idées historiques sur la Révolution ne sauraient être acceptées.

  1. Principes de sociologie, tr. fr., p. 190.
  2. Combes de Lestrade, p. 7 de la préface aux Principes de sociologie de Giddings.
  3. Bau und Leben des socialen Koerpers, Tübingen, 1875-1878. — Nous retrouverons plus tard Schæffle à propos du socialisme scientifique.
  4. Soutenue par la Zeitschrift fur die Voelkerpsychologie (1860-1870). — Lazarus est aussi l’auteur de Das Leben der Seele.
  5. Lilienfeld, auteur aussi de Gedanken über die Socialwissenschaft der Zukunft, 1871. — « La condition sine qua non, dit Lilienfeld, pour que la sociologie puisse être élevée au rang d’une science positive, c’est que la société humaine soit considérée comme un organisme vivant réel, composé de cellules à l’égal des organismes individuels de la nature » (Lilienfeld, Méthode d’induction ou méthode organique appliquée à l’étude des phénomènes sociaux, dans les « Annales de l’Institut international de sociologie », t. I, 1896, p. 45). — C’est le même Lilienfeld qui soutient — sans rire ! — que « l’homme de l’avenir sera moins salace ( ?) et moins prolifique », parce que, grâce à la « capitalisation continue des énergies psychophysiques », le développement de la raison sera beaucoup plus précoce sans que celui des passions le soit davantage. Donc on n’aura plus à s’inquiéter de l’overpopulation qui effrayait Malthus (Ibid., pp. 114-115).
  6. Auteur de la Sociologie.