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LIVRE IV

LE SOCIALISME


CHAPITRE PREMIER

LE SOCIALISME JUSQU’AU MILIEU DU XVIIIe siècle

On est d’accord pour attribuer à Pierre Leroux l’origine de ce mot socialisme, qui allait être appelé à de si hautes destinées. Il l’aurait employé, dit-on, pour la première fois en 1838, dans son Essai sur l’égalité, puis en 1840 dans son livre de l’Humanité. Reybaud s’en servait déjà en 1835, dans ses Études sur les réformateurs modernes[1], l’année même où Lamartine prédisait que « le prolétariat remuera la société jusqu’à ce que le socialisme ait succédé à l’odieux individualisme[2] ». Ce n’est pas même assez, et déjà Pierre Leroux, en 1834, avait intitulé De l’individualisme et du socialisme un article qu’il écrivait pour la Revue encyclopédique[3]. Quant au mot social,

  1. Voyez le dictionnaire de Littré, v° Socialisme.— Reybaud écrivait en 1849 : « Voici quatorze ans bientôt que j’eus le triste honneur d’introduire dans notre langue le mot de socialistes, sans prévoir quel bruit ni quelles luttes s’y rattacheraient » (Reybaud, Études sur les réformateurs modernes, introduction au second volume, Bruxelles, 1849, t. II, p. 7).
  2. Voyage en Orient, t. IV, p. 310. — Sur l’origine du mot « socialisme », voyez l’intéressante digression de M. C. Raillard, dans Pierre Leroux et ses œuvres, Châteauroux, 1899, pp. 89 et s. Toutefois M. C. Raillard se trompe en attribuant le premier emploi du mot à Mallet du Pan écrivant en 1799 : Mallet avait l’idée, mais non pas l’expression.
  3. Il y a donc plusieurs erreurs dans la note d’Anton Menger, sous sa page 24 de la traduction française de son État socialiste (1904).