valeur de toute autre marchandise comme le temps de travail nécessaire pour produire l’une est au temps de travail nécessaire pour produire l’autre. » Cette idée avait été déjà émise plus d’une fois, notamment par Rodbertus ; à la rigueur même on peut la trouver dans Ricardo, bien que celui-ci constate un phénomène plutôt qu’il ne pose une thèse quelconque, et bien qu’il n’ait pas non plus la prétention de s’occuper de l’universalité des cas[1] ; mais Marx ajoute une analyse de ce travail et une prétendue démonstration de cette thèse.
Le travail que Marx fait entrer dans la composition de la valeur, c’est le travail abstrait, distinct du travail concret et effectivement employé ; c’est le travail socialement nécessaire, avec le degré moyen d’habileté des travailleurs, dans les conditions et avec les perfectionnements généraux qui sont acquis à l’industrie. En un mot, c’est du travail social.
Et pourquoi ce travail social est-il la mesure et l’essence même de la valeur ? Le voici. Puisque l’on compare et que l’on estime équivalentes entre elles une quantité a de fer, une quantité b de soie, une quantité c de blé, une quantité d d’or, il faut évidemment que ces quantités aient un principe commun. Ce principe n’est pas la masse, la quantité matérielle, puisque ces diverses richesses sont de poids inégaux ; ce n’est pas la composition chimique ; ce n’est pas davantage l’aspect extérieur ; qui est différent en elles toutes. Qu’y a-t-il donc de commun ? Rien, si ce n’est que toutes ont été obtenues avec du travail. C’est pour cela et seulement pour cela que l’or, obtenu avec beaucoup de travail sous un petit poids et un petit volume, peut servir d’équivalent et d’évaluateur dans les échanges. — Il y avait eu quelque chose de semblable dans Aristote. Celui-ci, dans son Éthique ou Morale, avait cherché ce qu’il pouvait y avoir de commun dans les choses que nous éva-
- ↑ Voyez nos Éléments d’économie politique, 2e édition, pp. 33 et s.